Le Yorkshire Terrier a été créé au début du 19ème siècle dans la région anglaise dont il porte le
nom. Ses ancêtres sont probablement le Cairn Terrier, le Dandie Dinmont ou encore le Skye Terrier,
pour ne citer que les plus connus. Toutefois, ses origines sont presque le fruit du hasard...
Au début du 19ème siècle, en Écosse, vivent des communautés d'artisans, de mineurs et d'ouvriers qui
travaillent aux filatures et tissages Paisley. L'occupation favorite de tous ces gens est la chasse,
et leur compagnon préféré est un petit terrier appelé Clydesdale, ou Paisley Terrier, très
affectueux avec ses maîtres, mais terrible avec les bêtes qu'il poursuit jusque sous terre. Le
Clydesdale est décrit comme un Skye Terrier à poil souple, possédant une robe bleu acier et feu doré
clair, sans le moindre poil foncé. La division de son poil s'étend de la tête à la queue en une raie
impeccable, qui le fait retomber symétriquement de chaque côté de son corps.
Dans la région du Yorkshire, avec la révolution industrielle qui s'opère en Angleterre, l'industrie
lainière est en pleine expansion. Cette activité intense est génératrice d'emplois et attire de
nombreux travailleurs, dont beaucoup viennent des filatures Paisley en Écosse. Bagages et chiens
sous le bras, les ouvriers écossais viennent rapidement s'installer.
Les habitants du Yorkshire ont chez eux une race déjà fixée, le Brokenhaired, un petit chien pas
plus gros qu'un furet, au poil court et soyeux de couleur noir et feu, qu'ils utilisent pour le
braconnage. À l'époque réprimé par des lois sévères, le braconnage, une manière de pratiquer la
chasse sans noblesse, nécessite un petit chien facilement dissimulable au fond de grandes poches,
afin de prendre prestement la fuite. Malheureusement, lorsque le poil court et soyeux du
Brokenhaired glisse sous la main du braconnier qui doit prendre la fuite, il doit se résoudre à
abandonner son chien. C'est ainsi que les habitants du comté, réputés très habiles dans l'élevage de
chiens et conscients des nombreuses possibilités de ces chiens écossais inconnus, décident de
croiser le Brokenhaired avec le Clydesdale. En effet, un poil long permet d'attraper plus facilement
le chien quand ce dernier est au plus profond des terriers alors que le garde-chasse débarque par
surprise.
Le Maltais, un petit terrier vivant sur l'île de Mélita (Malte), déjà connu au temps d'Aristote
(384-322 avant. J.-C.) et ramené par des marins anglais partis naviguer dans le sud durant le 16ème
siècle, a sûrement lui aussi été utilisé dans la création de la race. En effet, ces petits chiens
sont recherchés par tous, des marchands de grain aux mineurs en passant par les braconniers, qui
préfèrent les chiens au poil long, pour la raison précédemment évoquée.
Les années passent, et les croisements, la plupart anarchiques, mêlent les caractéristiques de ces
races de chiens étrangères. C'est vers la fin des années 1860 que le type moderne de la race finit
par s'imposer, avec pour point de départ un chien du nom de Huddersfield Ben, présentant les traits
typiques du Yorkshire.
Le Yorkshire Terrier arrive aux États-Unis en 1872, et le premier Yorkshire est enregistré auprès de
l'American Kennel Club (AKC) en 1878.
Comme la plupart des races de terriers à partir de la fin du 19ème siècle, le Yorkshire Terrier
s'éloigne progressivement de ses origines populaires et de ses fonctions primitives pour être adopté
par une classe plus aisée et par des citadins, afin de devenir un chien de compagnie.
C'est en 1886 que le Kennel Club anglais reconnaît officiellement la race, et son standard officiel
est établi en 1898, la plupart des points officiels exigés et mentionnés ayant d'ailleurs de fait
été déjà approuvés et respectés depuis longtemps.
En France, les premiers Yorkshires Terriers arrivent dans les salons mondains durant les années
folles (1920-1929), et le club français de la race, le Yorkshire Terrier Club, est créé en 1953.